Ouzbekistan Boukhara 2ième jour

Publié le par gillou

Sixième jour, et le deuxième à Boukhara. Comme d'habitude, levé à 7h30 et départ à 8h30.
Visite du tombeau du soufi Bakhaouddin Nakhchbandi. Il vivait au 14ième siècle et c'est un lieu important de pélerinage. Un vieil arbre mort est censé guérir toute personne parvenant à arracher un morceau de son écorce. Mais depuis le temps, le tronc est lisse et dur comme la pierre. Alors une foule de gens passe sous son tronc en se frottant le dos pour qu'il soit guéri ou pour n'avoir jamais mal au dos.
La journée se poursuit par la visite du palais d'été, le Sitoraï Makhi Khosa.

A 4 km au nord-ouest de la ville et sur la route de Samarcande, le palais Sitora-I-Mokhi-Khossa fut la résidence d'été des derniers émirs de Boukhara au début du XXe siècle. Son nom est celui de la grand-mère du dernier émir et signifie " étoile et lune d'été ". A proximité se trouve une source d'eau. On recevait les invités dans ce Palais, avant l'accueil officiel à la Citadelle de Boukhara.
Le palais est adossé à l'actuelle résidence de villégiature du président. Ceci explique peut-être pourquoi le car ne peut pas emprunter la direction à gauche et doit partir à l'opposé pour faire un demi tour plus loin. L'accès à cette zone sensible est ainsi mieux protégé.
L'émir Emir Mohammed Alim Khan (1880-1945) régna de 1911 jusqu'à l'arrivée des Bolcheviks en 1920 (il s'exila en Afghanistan et échappa à un bombardement sur la route de l'exil). Il était un descendant de Gengis Khan. Il fit ses études à Saint-Pétersbourg, en Russie, où il acquit des méthodes modernes de gouvernement et de développement social.
Son titre "émir" signifie qu'il était le "commandant" ou "général" des Armées (ce nom vient d'un mot arabe "Amr", pour " commandant "). Tamerlan était " émir ". Dans l'armée de Gengis Khan, le chef d'armée est le " pagatur " tandis que le " khan " est le roi.
Enfin, un calife est chef spirituel chez les chiites.
Pour la construction de son palais (1912-1914), il envoya les meilleures architectes de Boukhara à Saint-Pétersbourg et à Yalta pour étudier la technique de leurs confrères russes.
On passe sous deux portes, réminiscences des forteresses ouzbeks, pour entrer dans la cour intérieure, que forment les trois ailes du palais. La salle de réception s'inspire des grandes salles des palais de Saint-Pétersbourg. Le lustre de cristal teinte à chaque fois que l'on bouge, car les vibrations sont transmises par le plancher. Sous les ordres d'Ousto Mouradov, une équipe de 25 artistes travailla pendant deux ans.
Les autres salles ont une couleur dominante, comme dans les palais fantaisistes européens. Leur décoration mêle l'architecture européenne (salles en enfilade, miroirs, verres colorés aux fenêtres, poêles hollandais et lustres de cristal) et celle des riches demeures ouzbeks (murs divisés en panneaux et niches, panneaux de stucs sculptés appelés gantch). À l'entrée, des panneaux de vases de fleurs sont d'inspiration indienne.
Les portes sont basses. Notre guide locale imagine plusieurs explications : soit parce que le bois est rare, ou pour éviter les courants d'air, ou pour obliger les visiteurs à se courber en entrant. Des vitrines montrent des vêtements anciens, notamment la parandja, ce voile lourd, de couleur noire, qui cachait entièrement le visage des femmes. Il avait la particularité d'être fait avec du crin de cheval, qui réfléchit la lumière du soleil et isole totalement la personne qui le porte. Rien de tel pour éviter les coups de soleil ! Les vêtements étaient habituellement confectionnés par des femmes, mais les motifs en fils d'or étaient brodés uniquement par les hommes.

Le parc d'une surface de 6,7 ha contient des parcelles d'arbres fruitiers, un bassin, des canaux et des pavillons, dont une Tchaïkhana ou Maison de thé. Le pavillon du nord, jouxtant le bassin, était le harem, avec sa cour intérieure encadrée par une double galerie d'arcades. Selon la légende, l'Emir admirait ses femmes qui se baignaient dans le bassin, du haut de la galerie qui domine le bassin. Il lançait une pomme à la jeune promise qui devait lui consacrer la nuit.
Ce pavillon est transformé en exposition de tapis et suzani, occasion pour un marchand de vendre ses produits. Le suzani est une toile de coton brodée. Son nom signifie " aiguille, broderie ". Les plus belles sont brodées de soie, les moins fines sont brodées au fil de coton. Plusieurs femmes travaillent de longues bandes qu'elles assemblent par la suite ; ceci explique qu'il y a parfois des différences de couleur, ou même des raccords de motifs imparfaits. Les plus belles suzani n'ont pas de tels défauts. A l'origine, les suzani étaient destinés à recouvrir le lit des jeunes mariés, c'était une des pièces indispensables de la dot qu'apportait la femme à son mariage. Par la suite, ils furent utilisés comme panneaux muraux. Les symboles représentés avaient un rôle protecteur, comme l'arbre de vie accompagné d'un coq. L'arbre était le symbole de fertilité, et le coq, celui qui annonce le soleil, la fin des ténèbres, et repousse les esprits malins. Le soleil, la feuille de vigne, la grenade, le piment sont d'autres motifs traditionnels pour souhaiter une vie de bonheur (le soleil), une longue vie (la vigne), la fertilité (la grenade qui a beaucoup de graines dans son fruit) ou repousser les mauvais esprits.

Delà nous nous rendons vers un autre monument qui est en dehors de la vieille ville :
le Tchor Minar. Son nom signifie " quatre minarets " et il est effectivement doté de quatre minarets. A l'origine, c'est l'entrée d'une madrasa construite par un riche négociant ; la madrasa a été démolie en 1809 et seuls restent les minarets. Le mécène avait quatre filles, chacune avec son caractère particulier. Il leur a dédié à chacune une tour. À côté, un bassin est en contrebas de la voirie. Le niveau de la chaussée a monté, sans doute suite aux destructions dont les débris ont été réutilisés en fondations. Il y avait à l'origine quatre bassins mais trois ont été ensablés pour éviter la prolifération d'insectes nuisibles. Cela n'a pas empêché le salpêtre de se déposer à la base des murs de briques, signe que l'humidité est présente. On nous dit que cela vient de la remontée de la nappe phréatique à la suite de l'irrigation excessive de l'oasis. Ce phénomène est apparu au XXe siècle. On remarque aussi des morceaux de poutre en bois enchâssés dans le mur : ce sont les embouts d'échafaudage qui étaient inclus dans la construction. On a scié la poutre et laissé l'extrémité à la fin des travaux.
Une famille garde le monument et fait payer pour monter à l'étage. Ils ont installé une buvette à leur garage et, une boutique d'artisanat classique (voilage tissus, céramique) dans le hall du monument.

A midi, repas à l'hotel composé d'un buffet : brochettes de poulet, boulettes et ragout de mouton, le tout accompagné de riz et de pommes de terre.
L'après midi est consacrée au shopping et à la visite libre de la vieille ville.
Le soir, repas à l'extérieur et soirée culturelle. Diner et musique classique. Cela n'apporte rien au séjour et donne plutôt une mauvaise opinion du fait de ce repas franchement mauvais.

Publié dans gillou45

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